Avant d’en arriver au trike…
Lorsque j’ai appris le projet d’organisation du premier Sun Trip vers Astana au Kazakhstan, en 2013, trouvant l’aventure intéressante, je me suis précipité pour m’y inscrire. Hélas, les inscriptions étant closes, c’est avec une grande frustration que j’ai suivi l’aventure sur Internet. J’en ai profité pour observer les différents vélos utilisés afin de choisir ma prochaine monture solaire. Un des concurrents, parmi les premiers arrivants, avait un vélo droit, avec moteur dans la roue avant et une remorque « Christian Touzet » supportant un panneau solaire. J’ai copié, à l’identique, ce montage pour réaliser mon premier vélo solaire et participer, en 2015, à la 2ème grande aventure Sun Trip vers la Turquie.
N’ayant aucune expérience pour réaliser le montage de mon vélo solaire, je suis allé chez Déclic’Eco en apportant à Guillaume Devot un vélo « randonneuse » que j’avais acheté pour ce projet et en informant Guillaume sur le montage que je souhaitais… Guillaume avait participé, avec son épouse, au Sun Trip 2013 et son premier bon conseil a été de me dire: » Vous arrivez avec un vélo neuf alors que vous avez déjà un vélo de voyage. Vous y êtes habitué alors c’est ce vélo qu’il vous faut pour ce grand Sun Trip et non pas un nouveau vélo que vous ne connaissez pas et qui risque, au fil des kilomètres, de ne pas vous convenir ». Je suis donc reparti avec ce vélo neuf et c’est mon vieux vélo de voyage, avec lequel j’avais parcouru des milliers de kilomètres, qui a été électrifié.
Il s’agissait de mon vieux VTT Motobécane, bien solide, fourche avant à ressorts métalliques mais bien modernisé dans sa partie cycle. Guillaume y a monté un moteur réducté, sur une roue avant neuve et bien solide avec une fourche avant en acier, hélas sans amortisseurs pour qu’elle encaisse le couple du moteur. Ce sera la seule modification sur le vélo, et à moindre coût. Sur la remorque « Christian Touzet », un panneau solaire basculant de 200 Wc y a été fixé.
Le tout étant géré par un contrôleur et deux Cycle Analyst V3: un pour la gestion de la consommation électrique du moteur avec un potentiomètre pour régler, suivant le besoin, la puissance du moteur et l’autre Cycle Analyst pour la gestion de la recharge solaire. J’avais donc sous les yeux, en temps réel, la dépense et la recharge énergétique. Durant tout le Sun Trip vers la Turquie, je n’ai eu aucun problème mécanique ou électrique et je n’ai jamais utilisé le chargeur de batterie qui est resté, sous scellé, depuis le départ. Mon moteur réducté a bien fait le travail et j’ai pu gravir toutes les montagnes.
Néanmoins, deux gros inconvénients sont apparus : d’abord un gros mal aux fesses en arrivant en Turquie et un très mauvais confort de conduite, depuis le départ, dû à cette solide fourche en acier qui me renvoyait, dans les bras, tous les défauts de la route. En cours de route, observant les autres vélos solaires, j’ai vite compris que le meilleur confort, pour l’aventure au long court était la position « vélo couché » et, notamment, un trike pour pédaler à l’ombre d’un grand toit de panneau solaire. Dès mon retour, je me suis donc lancé dans le projet d’un trike solaire.
Pour ce qui concerne, la remorque « Christian Touzet », celle-ci est parfaite. Entièrement en fibre de verre, elle est très légère, d’une très bonne tenue de route, complètement étanche, avec un bon volume de charge fermant à clé. Son seul inconvénient est son prix très onéreux (1000€ en 2015 et bien plus aujourd’hui…). Néanmoins, cette remorque bénéficie d’un très bon retour sur investissement puisque, après des dizaines de milliers de kilomètres, sur tout terrain, elle est en parfait état… J’ai abandonné ma remorque pour les seules raisons d’alléger mes bagages et de réduire mon empattement, sur la route. Je me suis contraint à réduire le poids roulant qui est très pénalisant pour le voyageur cycliste, notamment dans les grandes montées montagneuses.
Présentation technique
Vélo
- HP Velotechnik modèle Trike FS 26
- 2 roues avant en 20 pouces et une roue arrière en 26 pouces, avec suspension sur les roues avant et arrière
- freins à disque mécaniques Shimano sur les trois roues, trois poignées de frein avec système de blocage des roues à l’arrêt
- pneus Schwalbe « Big Appel » en 20″ à l’avant, Pneu Schwalbe « Marathon plus-Tour » en 175 sur la roue arrière
Transmission : - ligne de chaîne renforcée avec poulie intermédiaire. La chaîne, toujours en ligne droite, travaille sans usure.
- pédalier avec 2 plateaux en 42 et 36 dents, par ajout d’un tendeur de chaîne Rohloff. Déraillement facile, à la main (dérailleur difficile à installer avec le moteur pédalier Bafang)
- cassette arrière 8 vitesses en 11-40 avec dérailleur Shimano grande chape
- pédales Shimano avec cales SPD
- porte bagages arrière « grand raid » et gardes boue sur les trois roues
- sacoches et bagagerie Ortlieb
- éclairage : phare blanc puissant à LED à l’avant, phare rouge puissant à LED, fixe ou clignotant, à l’arrière, alimenté par la batterie du vélo
- accessoires : 2 transformateurs en 5V pour l’alimentation des smartphone et GPS, 1 transformateur en 12V avec prise « allume cigare ».
Motorisation
Installation de 2 moteurs :
- 1 moteur roue arrière, Nine Continent RH212, Direct Drive, alimenté en 48 Volts. Gestion : contrôleur Baserunner Grin Tech 3 associé à un Cycle Analyst V4, bouton permettant de varier la puissance du moteur selon le besoin, gâchette de démarrage au guidon, régénération commandée par manette de frein.
- 1 moteur pédalier Bafang BBS02 750w, alimenté en 48 Volts. Gestion : contrôleur et capteur de pédalage intégrés dans le moteur, console d’affichage et de commande permettant de varier la puissance selon le besoin (9 niveaux), gâchette de démarrage au guidon. Les deux moteurs peuvent fonctionner ensemble ou séparément (2 installations indépendantes).
Batterie
- 2 batteries de 48V 11Ah (capacité totale de 1056 Wh)
- 1 batterie de secours de 48V 30Ah (capacité 1440 Wh).
Équipement solaire
- 3 panneaux solaires pour un total de 370 Wc, soit: 2 panneaux de 110 Wc chacun sur l’avant et 1 panneau de 150 Wc à l’arrière
- montage en toiture, sur un châssis en profilés aluminium, de marque Systéa, faisant aussi fonction de porte bagages arrière complémentaire.
- un régulateur solaire MPPT, en 48 Volts, pour les deux panneaux avant, total de 220W
- un régulateur solaire MPPT Genasun, en 48 Volts pour le panneau arrière de 150Wc
- un Cycle Analyst V3 pour la gestion globale de la recharge solaire.
Commentaires
Pourquoi 2 moteurs ?
Le moteur roue arrière RH212 Direct Drive est un excellent moteur, fiable, silencieux, réactif et endurant. Son seul défaut est qu’il chauffe beaucoup et excessivement dans les sévères longues montées lorsqu’il est monté sur une roue de 26 pouces. S’il était monté sur une roue de 20 pouces, le RH212 tournerait plus vite, son rendement serait bien meilleur, il chaufferait moins. Sur roue de 26 pouces, l’ajout du produit « anti-chauffe » Statorade n’a pas eu d’effet remarquable.
En revanche, aidé par un deuxième moteur dans les pentes raides, le moteur RH212 chauffe moins et j’ai constaté une consommation électrique totale inférieure pour les deux moteurs. Les grandes montées des hauts cols ne posent plus aucun problème avec les deux moteurs d’autant plus que le moteur Bafang bénéfice d’une traction bien supérieure au moteur RH212. Sur des parcours plats ou vallonnés, je ne sollicite que le moteur arrière RH212. Dans les descentes, le peux passer le moteur RH212 en mode régénération ce qui permet de moins se crisper sur les freins et de recharger la batterie.
Toute la partie motorisation et électronique a été montée chez Déclic’Eco dont le sérieux, l’expérience et le professionnalisme ont largement fait leurs preuves, en plus du service « après-vente » sans défaut.
A l’achat, le Trike HP Velotechnik représente un gros investissement mais c’est un des meilleurs sur le marché de par sa solidité, sa fiabilité et son confort. Sur la durée on s’y retrouve. Je l’ai acheté en 2016 et, à ce jour, après avoir parcouru plus de 15 000km, il est en parfait état.
Retour d’expérience
Ses qualités de châssis et de route, avec sa partie cycle, sont excellentes. Il faut ajouter à cela son système de direction, identique à celui d’une voiture, avec une barre antiroulis qui lui assure une bonne stabilité en plus des bielles de direction pour la précision de conduite.
Pendant nos Sun Trip, nos vélos sont souvent bien chargés. J’ai donc choisi des suspensions avant (système élastomère dans un ressort) et arrière (ressort) ainsi que la barre antiroulis en mode « dure » ce qui assure un confort et une tenue de route parfaits.
Le châssis supportant les panneaux solaires est parfaitement équerré. Il permet de fixer tous les éléments électriques de conduite, les Cycle Analyst et quelques petites sacoches complémentaires. Tout est à portée de main et de vue, en plus de la fixation des bidons d’eau. Le choix des panneaux sur le toit permet leur totale exposition au soleil en plus du grand avantage de pédaler à l’ombre.
A l’arrêt, l’ensemble du trike peut se basculer en reposant sur un support (bâton de ski) afin d’orienter l’ensemble des panneaux vers le soleil, ce qui optimise la recharge solaire.
En cours de route, les panneaux sont fixes et à l’horizontal. Je n’ai pas choisi le mode basculant pour des raisons de solidité et pour éviter une panne éventuelle du système. De plus, la longueur de l’ensemble (2,65 m de long sur 82 cm de large) aurait nécessité un système basculant trop compliqué. Mon vélo est un engin abouti. Depuis son achat, en 2016, durant toutes ces années passées à rouler, sur des milliers de kilomètres, sur tous types de terrain; ce temps a permis la finalité de son adaptation au voyage au long court sans soucis et en toute fiabilité.
Je suis pleinement satisfait de mon trike solaire qui est toujours près pour un prochain voyage au long court.
Prochain vélo solaire
Bien que complètement satisfait de mon trike solaire, qui est, maintenant, complètement abouti, il s’avère que j’en ai fait le tour. Je souhaite me lancer dans une nouvelle aventure technique.
Mon choix se portera sur un vélo couché deux roues, toujours de marque HP Velotechnik, modèle « Speed Machine » avec guidon en forme de U, pour y fixer les instruments de conduite et de gestion moteur et solaire. Je choisirai un moteur GrinTech, avec régénération, monté dans la roue avant de 20 pouces. La roue arrière sera montée avec le moyeux Rohloff qui équipait mon premier vélo solaire ! En cas de surchauffe en montagne, j’ajouterai un moteur réducté dans la roue arrière de 26 pouces. Je ne choisirai pas un moteur pédalier qui risque de déséquilibrer la baume, par son poids et sa mauvaise esthétique pour un deux roues couché.
J’aurai deux batteries de 1 kWh chacune, branchées en parallèle (soit un total de 2000 Wh embarqués). Elles seront fixées, au plus bas, dans un porte bagages, sous le siège conducteur.
Pour le solaire, j’opterai pour 2 panneaux d’une puissance totale de 250 à 300 Wc. Ils seront montés en toiture, de faible largeur et à hauteur minimale. Je n’ai encore pas décidé si j’adopterai le mode basculant ou non, sans faire une « usine à gaz » pour le manœuvrer.
Les éléments panneaux solaires et batteries sont scindés en deux pour qu’en cas de panne, sur un des deux éléments, l’autre continue à fonctionner et permettre ainsi poursuivre sa route…
Pourquoi le choix d’un vélo deux roues couché ?
Je souhaite m’initier au vélo couché. Je n’en ai jamais eu ni essayé. La position de pédalage du modèle « Speed machine » est très proche de mon trike de la même marque. Ce vélo couché, à deux roues, sera plus léger que mon trike, plus roulant mais sa capacité de transport de bagages sera plus réduite. Ce sera une nouvelle découverte, une nouvelle expérience et un nouveau projet à réaliser.